Pourquoi courir ? Il y a quelques années, c’était les posts de nos soirées arrosées entourées de notre traditionnelle bande de potes qui foisonnaient sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ce sont les post #running, mettant en avant nos performances sportives, qui rayonnent sur Facebook, Insta et autre Twitter !
On estime à plus de 12 millions le nombre de coureurs en France selon le site www.run-motion.com. Et ce chiffre n’a de cesse de croître.
Mais, concrètement, pourquoi courir ? Narcissisme ? Individualisme ? Guerre d’ego ? Défouloire ? Performance ? Introspection ? Nous pourrions, de manière très consensuelle, considérer 4 raisons basiques :
- Raison extérieure : on est dans le paraître, on a envie d’être bien gaulé !
- Raison intérieure : on est dans l’être, on veut se sentir bien.
- Raison pratico-pratique : on est dans la facilité, on enfile un short, des baskets et le tour est joué.
- Raison mimétique : on est sur le bitume des grandes villes, sur les routes de campagne, bref, on est visibles ! Et l’expansion de cette pratique repose sur un effet de mode.
Bien, bien, mais de vous à moi, nous savons parfaitement qu’il existe d’autres motivations, des motivations plus profondes ! Pas vrai ? Petite introspection sans prétention des mobiles, assumés ou non, qui nous mettent en mouvement.
Je cours pour ma santé, mon corps et ma tête
C’est décidé, je me remets sur les rails ! Après une période prolongée de stress où le soi n’était plus une priorité, où l’on s’est désaxé, où l’on s’est laissé embarquer dans un rythme professionnel déraisonnable, où l’on a négligé son alimentation, son sommeil, on ressent souvent le besoin de se reconnecter à soi-même.
Par quoi cela passe t-il ? Par l’écoute de ses besoins psychologiques et physiques. On fait alors le choix de rentrer dans une dynamique porteuse de bien-être qui ouvre grand la porte au sport et notamment à la course à pied. Son côté pratique étant évidemment très attractif !
On se met alors à courir pour sa santé, pour son corps et pour sa tête. Car si le running sculpte le physique, il offre aussi un épanouissement psychologique hors pair. Le sociologue Jean-François Dortier, auteur de l’ouvrage Après quoi tu cours?? parle « d’une sorte de reprise en main de sa vie sur trois aspects?: ma santé, mon corps et mon bien-être psychologique ». La pratique de la course va nous aider à nous recentrer sur l’essentiel, à rééquilibrer les pans de notre vie, jusqu’à atteindre un bien-être offrant plaisir et apaisement.
Je cours pour la dimension sociale
Comme je l’explique dans la rubrique à propos de ce site, les coureurs épris de liberté préfèreront courir en solo, tandis que les autres auront une préférence notable pour le groupe, le club, la communauté. En effet, cet instinct grégaire constitue une source de motivation, un moteur à la régularité et un gage de bien-être. Le groupe motive et fédère, nous donne des ailes, nous soutient dans les moments de faiblesse, tout en nous permettant d’ouvrir notre cercle amical.
Le groupe (association, club, communauté…) développe le sentiment d’appartenance, vecteur de l’intégration sociale. J’appartiens à une tribu, elle me reconnaît, mon identité y est établie et je ne puis m’en séparer car elle étaye ma motivation.
La cerise sur le gâteau opère au moment des courses qui prennent alors des allures de fêtes régénératrices du corps et de l’esprit. Ambiance, encouragements, cohésion, appartenance, tel est le cocktail qui confère une place de choix à l’aspect social de cette pratique.
Je cours parce que j’ai envie de challenge
La progression appelle la progression. Vous enchaînez les kilomètres et la gratification fait son office. Vous vous sentez de plus en plus à l’aise, prenez de plus en plus de plaisir et êtes tout à coup saisi par l’envie de vous lancer un défi. Celui de participer à votre premier 5km par exemple, puis à votre premier 10, avant de vous laisser narguer par le prochain semi-marathon de votre région, tout cela, avant la réalisation ultime, celle de répondre aux appels du pied de votre tout premier marathon.
Mes 30 ans ? La naissance du cadet ? Nos 10 ans de mariage ? Tous les prétextes sont valables pour se lancer ce défi qui s’affiche tel un challenge que l’on s’impose à soi-même, comme si on avait besoin d’en découdre, de se prouver que l’on a les capacités, que l’on a le mental et l’endurance nécessaires. Finalement, tout s’emballe, la gratification donnant lieu à l’envie de se surpasser pour toucher du doigt ce sentiment de fierté et d’accomplissement tellement grisant. C’est la définition et l’atteinte d’objectifs, moteur de notre ego, qui nous font littéralement kiffer ! Bien sûr, c’est aussi profondément inscrit dans la nature de l’homme, ne l’oublions pas, mais il faut bien reconnaître que la performance exacerbe le goût du challenge et c’est ce qui nous fait progresser. Le défi nous ouvre la porte de la cour des grands, nous permettant d’imaginer que tout est réalisable et que, oui, repousser les limites du potentiel organique, par le seul exercice de la volonté, fait partie du champ des possibles.
On peut même pousser le débat en faisant un parallèle avec le capitalisme, comme l’a fait Patrick Vassort, sociologue du sport : « L’individu moderne existe par sa performance, on lui dit de travailler plus pour gagner plus. Il y a une philosophie du combat et de la compétition. Le manque de perspectives joyeuses poussent certains à exister à travers ces compétitions contre soi-même. » Il y a une forme de réalisation de soi dans le défi et le dépassement. Sur la pyramide de Maslow, qui a hiérarchisé les besoins humains, on trouve, au sommet, celui de l’accomplissement. Quand il n’est pas possible de satisfaire ce besoin impérial dans certaines strates de sa vie, il peut être très étourdissant de le toucher du doigt à travers une activité sportive, comme le running.
Je cours pour le plaisir de souffrir
L’approche nietzschéenne qui consiste à considérer que « ce qui ne me tue pas me rend plus fort » porte aux nues la douleur. Elle la transcende telle une fierté iconique. Alexandre, inscrit à l’ultra-trail du Mont-Blanc en août prochain, a confié à l’HuffPost sa gestion de la douleur « Je vais essayer de vivre avec la douleur et comme je l’accepte je considère que cette douleur n’est pas là ». La souffrance physique fait partie du projet, c’est une composante dont il faut tenir compte et gérer dès qu’elle apparaît. On y trouve une certaine forme de satisfaction. C’est valorisant. Elle est le témoin de notre implication, de nos efforts et induit une progression. Certains en font fi, d’autres la contrent à coup de mantras, chacun sa technique. Une chose est sûre, elle nous fait nous sentir vivant.
Je cours parce que les hormones me font un bien fou
Le système de récompense, vous connaissez ? On en entend beaucoup parler au sujet du sucre. C’est un système fonctionnel du cerveau qui fournit la motivation nécessaire à la réalisation d’actions, permettant notre survie. Lorsque vous courez, il se met en marche. Ainsi, le sytème nerveux va libérer une hormone fabuleuse, appelée endorphine, qui va nous apporter la sensation de la satisfaction et du plaisir. Très basiquement, il nous est tous arrivé de traîner les pieds à l’idée de s’adonner à un tour de parc un dimanche matin glacial du mois de novembre. Et finalement… de revenir boosté comme jamais ! Et oui, ces fameuses hormones exercent un pouvoir magique sur notre moral et ça nous fait un bien fou ! La dépendance s’installe peu à peu par ce biais.
On ne va pas se mentir, cette sensation de bonheur extrême n’apparaît pas forcément sur les premières sorties. En effet, bon nombre de novices pestent en disant « les hormones du plaisir, moi, j’connais pas !! ». Je vous rassure néanmoins, elles finissent par se manifester, et plus vite qu’on le croit, alors, soyez patients. On rentre finalement assez rapidement dans un schéma qui apporte un bien-être physique qui se traduit souvent par une perte de poids, laquelle exacerbe l’envie de retourner s’entraîner. Peu à peu, les endorphines se révèlent pour, in fine, nous rendre complètement accro !
Je cours pour me détendre
Vous avez entendu parler du burnout ? Il semblerait que cet forme d’épuisement se développe à vitesse grand V dans nos sociétés occidentales. Curieux, la pratique de la course s’inscrit sur la même tendance !
Fatigués, ultraconnectés, usés par la charge de travail, nos vies professionnelles prennent parfois l’allure de bagne moderne. Face au stress, la course à pied redonne des couleurs, offre une échappatoire bienfaitrice, un moment d’évasion bien mérité. Soumis à nos obligations professionnelles, le running séduit par l’espace de liberté qu’il offre : pas d’horaire, pas de salle à rejoindre, pas de tenue réglementaire. C’est le moment idéal pour la déconnexion, l’évasion. On pourrait même parler de retrouvailles avec soi-même, d’un temps hors du temps au cours duquel corps et esprit se retrouvent, s’entremèlent, avant de fusionner.
Pas de mails, pas d’appels, pas d’injonctions domestiques, on est tout à coup face à l’aventure personnelle qu’on a décidé de se créer. Le running devient alors un formidable défouloir où les mauvaises énergies sont réduites en bouillie au profit des bonnes vibes qui vous détendent et vous mettent de bonne humeur.
Je cours car les marques tiennent un rôle motivationnel
Les marques l’ont bien compris, il y a une masse significative à approcher et à séduire. Clairement, elles attisent le phénomène de mode car le marché est gigantesque et n’a de cesse de croître.
Le running est depuis quelques années un sport ultra marketé. Les marques surfent sur la tendance « santé » et sur la digitalisation des runners qui sont prêts à investir. Elles se déploient, incubent, innovent et dépensent beaucoup d’énergie à communiquer sur la valeur ajoutée de leurs produits. Le runner, en quête de performances et sensible aux discours statutaires en redemande. Moi, la première ! Aujourd’hui, le temps des survets larges et des bandanas est révolus, on est ouvert aux messages marketing car la promesse est flatteuse.
Mais, finalement, pourquoi courir Janine ?
Je vous ai proposé un certain nombre de pistes, mais il est tout à fait possible que vous en trouviez d’autres. N’hésitez pas à commenter, partager, liker.
Quoiqu’il en soit, on court tous avec une idée en tête, ou un ressenti dans le coeur, ou encore une impatience dans les jambes. Mais je pense qu’on peut aussi courir sans savoir pourquoi, juste pour la sensation, le souffle du vent sur le visage, le déplacement du corps, le rapport à l’effort… Peu importe ce qui vous met en mouvement, suivez votre instinct et faîtes-vous plaisir !
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